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Actualité Juridique

1. Définition et objectif

Le droit à la déconnexion permet à tout salarié de ne pas être connecté à ses outils numériques professionnels (messagerie, applications, e-mails, intranet, etc.) en dehors de ses heures de travail, qu’il s’agisse du matériel professionnel ou personnel.
Il vise principalement à garantir :

  • Le respect des temps de repos et de congé,
  • L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle,
  • La protection de la santé physique et mentale des salariés.

2. Cadre légal et origine

  • Le droit à la déconnexion est intégré dans le Code du travail via la loi Travail (loi El Khomri) du 8 août 2016, applicable depuis le 1er janvier 2017.
  • Il s’agit d’une obligation de négociation dans le cadre des NAO (négociations annuelles obligatoires) sur la qualité de vie au travail (QVT).
  • Si aucune accord collectif n’est conclu, l’employeur doit établir une charte, après avis du CSE, précisant les modalités d’exercice de ce droit et comportant des mesures de formation et de sensibilisation.
  • L’obligation de négocier s’applique dans les entreprises de plus de 50 salariés, mais le droit est applicable à tous les salariés, quel que soit leur contrat ou statut.

3. Obligations des acteurs concernés

Employeur

  • Initier une négociation collective sur le droit à la déconnexion (dans les entreprises concernées) pour les employeurs de plus de 50 salariés.
    • Remarque concernant les Groupements d’Employeurs : les salariés mis à disposition ne sont pas pris en compte dans l’effectif « Code du travail » sauf pour l’application des dispositions contenues dans la deuxième partie de ce code, consacrée aux relations collectives de travail (articles L. 2111-1 à L. 2632-2 du Code du travail).  Donc ici, pour les GE, il faut bien comptabiliser ces salariés dans le calcul (articles L. 1111-2 et L. 1111-3 du Code du travail).
  • À défaut d’accord, rédiger et faire valider une charte (avis du CSE préalable).
  • Intégrer des actions de sensibilisation et formations pour l’encadrement et les salariés.
  • Veiller au respect concret de ce droit (obligation de sécurité) et sanctionner les manquements éventuels.

Salariés et managers

  • Respecter les modalités définies (charte ou accord).
  • Les managers ont un « rôle d’exemplarité », notamment en évitant l’envoi d’e-mails hors horaires.

4. Modalités pratiques et outils possibles

Bien que le Code du travail ne fixe pas de modalités précises, les dispositifs fréquemment retenus sont :

  • Sensibilisation & formation : bonnes pratiques, articulation vie perso/pro, détection des risques liés à l’hyperconnexion.
  • Mesures incitatives :
    • Plages horaires de déconnexion,
    • Mentions dans les mails (« ne pas répondre en dehors des heures »),
    • Envoi différé,
    • Définition des circonstances exceptionnelles.
  • Mesures contraignantes (moins répandues) :
    • Interdiction d’accès aux outils hors plages de travail,
    • Blocage des serveurs de messagerie.
  • Outils pratiques : pop-ups, journées sans e-mail, enquête de perception, guides internes.

Télétravail

Le droit à la déconnexion s’applique pleinement en télétravail, avec un impératif de clarification des plages de disponibilité, charge et temps de travail. Le télétravailleur dispose des mêmes droits que s’il travaillait sur site.

5. Enjeux et limites

  • L’impasse sur des sanctions spécifiques (droit sans obligation coercitive) peut freiner l’implémentation.
  • Le risque d’hyperconnexion est avéré : fatigue, burn-out, stress, difficulté à séparer vie pro/perso.
  • L’expérience de jurisprudences antérieures (ex. licenciement pour non-réponse à un appel hors temps de travail) a précipité la reconnaissance du droit.
  • À l’échelle européenne, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE)insiste sur la mise en place d’un système fiable pour mesurer le temps de travail et garantir les périodes de repos.

6. Synthèse

ÉlémentDétail
DéfinitionDroit de ne pas être connecté ou des outils pro hors temps de travail
Cadre législatifLoi El Khomri (8 août 2016), article L.2242-17 (anciennement L.2242-8), applicable dès 2017
Obligation d’entrepriseNégociation NAO (+50 salariés) + accord ou, à défaut, charte avec formation/sensibilisation
Public concernéTous les salariés (entreprise ≥ 50 salariés : obligation de négociation)
ObjectifsProtéger repos, vie privée, santé mentale
ModalitésSensibilisation, plages horaires, blocage serveur, envoi différé, pop-ups, etc.
TélétravailDroit applicable avec précision des plages de disponibilité
LimitesAbsence de sanctions légales, culture de la disponibilité, difficultés pratiques
Jurisprudence & UEJurisprudence antérieure, CJUE 2019 sur contrôle du temps de travail

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